Cercle d'Études Vernonnais

Les activités 2017
du CEV et de ses membres



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Janvier

Jeudi 19 janvier 20 h 30 - Espace Philippe-Auguste de Vernon : Assemblée générale des membres du CEV


Février

Jeudi 9 février 20 h 30 - Espace Philippe-Auguste de Vernon

Le club 41 de Vernon et le CEV vous proposent une conférence d'Henri Loffet


"Le bouddhisme et les routes de la soie"
     C’est aux VIe-Ve siècles av. J.-C. que le prince Siddharta Gautama fonde le bouddhisme à la suite de son illumination à Kapilavastou (Népal) et de son sermon de Bénarès (Inde). De là, cette philosophie va se diffuser, très lentement, vers le Nord-Est puis, empruntant les « Routes de la soie », vers l’Est et la Chine. La progression se fera par étapes mais restera cependant toujours très difficile à cause de l’opposition des milieux taoïstes et, surtout, confucéens proches de l’empereur et de la cour. Depuis les monts du Pamir, en pérégrinant à travers l’oasis de Khashgar, le désert du Takla-Makan et la dépression de Turfan, nous atteindrons enfin Xian, capitale historique de la Chine du Moyen Âge.  
Monsieur Henri Loffet, docteur en égyptologie, vient de réaliser une exposition au Scriptorial d'Avranches consacrée aux voyageurs normands partis autrefois à la découverte de l'Égypte. Il a parcouru à plusieurs reprises les "routes de la soie" dont il a rapporté de nombreuses photographies qui illustreront sa conférence.


Jeudi 23 février 20 h 30 - Espace Philippe-Auguste de Vernon

conférence de France Poulain, architecte des Bâtiments de France en chef.

"Les églises de l'Eure

ont leur spécificité dans l'histoire de France."
Trop souvent les églises de l'Eure disparaissent derrière l'image du département : celui d'un lieu rural, mal aimé et disposant de peu de richesses.
Ainsi, il n'aurait été que le réceptacle de quelques nouveautés architecturales mais jamais au début d'un style ou d'un courant. Il est vrai que les églises de l'Eure - 760 en activité et 165 hors culte - utilisent ou sont ornées de dispositifs architecturaux ou stylistiques que l'on peut retrouver dans les départements voisins. Pour autant, leur agrégation ou leur disposition sont originaux et ont été bien préservés dans l'Eure.
En effet, le département n'est pas fait que de franges ; il a aussi été central et a su utiliser des matériaux, des formes ou des spécificités pour se créer une image bien à lui qui mérite d'être mieux connue.
La conférence de France Poulain, architecte des Bâtiments de France en chef, qui a dirigé récemment un ouvrage sur Les églises de l’Eure à l’épreuve du temps, vise à mettre en évidence les dispositifs architecturaux qui sont "eurois" ou qui participent "de l'identité de l'Eure.

Cline, grison,  tuiles et voûtes lambrissées : les églises de l’Eure

Comment passionner un auditoire à propos de mortier, de grès ferrugineux ou de graffitis ? Madame France Poulain, architecte des Bâtiments de France en chef, y est parvenu avec brio. Docteur en aménagement, en urbanisme et en études urbaines, chef de l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine de l’Eure, elle a tenu en haleine une assistance particulièrement nombreuse venue à l’invitation du C.E.V. le 23 février. Abondamment illustrée, sa conférence répondait à cette question : existe-t-il un style eurois, une spécificité des églises de l’Eure ? Les édifices religieux représentent 40% du patrimoine architectural de notre département, avec 760 églises en activité et 165 désaffectées sous la Révolution, et, pour en détailler les caractéristiques, France Poulain a choisi une approche technique simple mais fort éclairante : les matériaux utilisés pour les murs et les toitures, les graffitis, les structures en colombage, les voûtes.
France Poulain
Nous avons pu d’abord suivre l’utilisation des ressources locales pour la construction des murs, dont la cline, ce résidu des laitiers de fonderie, le grison, un poudingue de silex et d’argile ferrugineuse, qui durcit par oxydation, et qui ne fut plus utilisé après le 12e siècle, le grès ou le calcaire de la vallée de la Seine, notamment celui extrait des carrières de Vernon. Or, qu’il s’agisse des 56 édifices pré-romans et romans précoces construits entre 950 et 1050 (d’Aizier à Rugles, en passant par Caillouet-Orgeville ou Colleville) ou des tours-clochers en grès comme à Montreuil-l’Argillé ou Saint-Laurent-des-Grès, on ne peut définir de spécificité euroise. Ainsi, le grison se retrouve en Eure-et-Loir et jusque dans la Sarthe, les têtes sculptées sur grès de la Renaissance ou les tombes anépigraphes existent aussi en Seine-Maritime, le calcaire a été massivement exporté à Paris. Quant aux graffitis, ils sont présents dans tout le bassin parisien.
À ce propos, connaissiez-vous « l’aspirine des croyants » ? il s’agit de la poudre de pierre récupérée en creusant le graffiti et absorbée en guise de panacée, puisqu’elle provient d’une pierre d’église, et donc consacrée…
Quid des colombages ? en réalité, ces éléments de structure n’étaient pas destinés à être vus, car considérés chez nous comme n’étant pas assez prestigieux, contrairement aux églises de Champagne-Ardennes. On les trouve donc surtout dans les tours-clochers, comme à Guitry. Présentes dans 80% des églises de l’Eure, de Launay à Etrépagny, d’Amecourt à Saint-Pierre de Cormeille,  les voûtes lambrissées, souvent décorées au pochoir, plus rarement avec des peintures historiées, sont présentes dans tout le grand Ouest.
Terminant ce fascinant parcours, après un passage par les arbres sacralisés et les ifs des cimetières, France Poulain évoqua les toitures. Elles étaient initialement en bois, tels les bardeaux de chêne de Saint-Pierre-de-Cernières. L’ardoise n’a été utilisée qu’à partir du 19e siècle, et c’est à la tuile que l’on eut recours. Elle est donc le matériau historique privilégié. Notons que l’on ne doit pas confondre clocher tordu et clocher tors, délibérément édifié comme tel. Il en existe 200 en Europe, et, hosannah !, l’Eure en possède un, à Saint-Aubin-sur-Gaillon.
La démonstration fut convaincante : l’agrégation ou la répartition des dispositifs architecturaux et stylistiques dans les églises sont originaux et ont été bien préservés dans l'Eure. En effet, le département n'est pas fait que de franges ; il a aussi été central et a su utiliser des matériaux, des formes ou des spécificités pour se créer une image bien à lui qui mérite d'être mieux connue.
On  l’aura compris, l’examen de ces matériaux et structures, souvent millénaires, conduit à poser la question de la restauration. France Poulain souligne que « faire bien ne veut pas dire faire beau ». Il s’agit de respecter ces bâtiments admirablement conçus qui ont résisté aux outrages du temps et, en étant attentif à leurs micro-spécificités, de lutter contre la tentation de les remodeler à notre goût.
Pour poursuivre l’enquête, on ne peut qu’inviter les personnes intéressées à lire le blog francepoulain.com, ainsi que premier-age-roman-normand blogspot.com, tenu par l’archéologue Nicolas Wasylyszyn, présent lors de la conférence, la page Facebook vouteslambrissees et le tout récent ouvrage dirigé par France Poulain, Les églises de l’Eure à l’épreuve du temps (éditions des Étoiles du Patrimoine, 2015). GG

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Mars

Jeudi 23 mars 20 h 30 - Espace Philippe-Auguste de Vernon

 conférence de Claude Cornu

 "La presse dans l’Eure, des origines à nos jours"

journal neubourg

    La naissance de la presse locale dans l’Eure a été freinée par la proximité de Paris et de Rouen, qui diffusent leurs journaux dans le département. Les premières tentatives de journaux politiques, sous le Directoire, tournent vite court. Par la suite, les contraintes imposées à la presse politique par les régimes dynastiques successifs (cautionnement, droit de timbre, autorisation préalable, menaces de sanctions…) constituent un obstacle difficilement franchissable. Longtemps, les périodiques imprimés dans l’Eure sont pour l’essentiel de simples feuilles d’annonces. Sous le Second Empire, il n’existe qu’un seul journal politique, soutien indéfectible du régime, le Courrier de l’Eure. Il faut attendre la toute fin du régime pour voir, à la faveur d’une relative libéralisation de la presse, l’apparition de journaux d’opposition.

Les années 1940-1944 entraînent une réduction drastique du nombre de journaux et ceux qui continuent à paraître doivent se plier aux consignes de l’occupant, quand, comme certains, ils n’appellent pas ouvertement à la collaboration. La presse autorisée peut certes ruser avec la servitude, mais la résistance n’est possible que dans la clandestinité. La Libération voit la renaissance d’une presse libre, non sans difficultés, la pénurie de papier ne permettant qu’à un petit nombre de journaux de reparaître dans un premier temps. Mais bientôt tous les titres doivent faire face à la concurrence d’autres médias. Aujourd’hui, où les rares titres qui subsistent appartiennent tous au même groupe et peinent à conserver leurs lecteurs, comment ignorer les menaces qui pèsent sur l’écrit ?

    C’est Claude Cornu, un des animateurs de la Société d’études diverses de Louviers, brillant conférencier, qui présentera cette histoire longue de plus de deux siècles.

    Malgré le vernissage de l’exposition « Tintamarre ! » au musée des Impressionnismes, malgré la pluie, un public nombreux s’était déplacé pour écouter la conférence de Claude Cornu sur « la presse dans l’Eure, des origines à nos jours ». L’un des principaux animateurs de la Société d’Études Diverses de Louviers, agrégé de lettres classiques, docteur en histoire, celui-ci a régalé l’auditoire pour sa 6e conférence devant le CEV. Parfaitement construit, remarquablement informé, élégamment formulé, son magistral exposé suivit un ordre chronologique pour distinguer trois époques depuis l’apparition sous la Révolution de la presse dans le département.
    Ce fut d’abord le temps des feuilles d’annonces, jusqu’à la fin du second Empire. Il y eut certes cinq éphémères journaux politiques au temps du Directoire, dont le plus important, le Bulletin de l’Eure, imprimé à Évreux par Jean-Baptiste Touquet de décembre 1796 à avril 1798, avec ses 140 numéros au format in-8°, et qui fut interdit pour cause de critique anti-gouvernementale. S’ensuivit une période de dix années sans presse, avant que n’apparaissent en 1808 les Affiches, annonces et avis divers du département de l’Eure, suivies aux Andelys ou à Louviers d’autres publications consacrées quasi exclusivement à ces informations légales et administratives. Si elles intègrent progressivement nouvelles locales et feuilletons, elles ne parlent jamais de politique. Diffusées par abonnement, elles tirent à quelques centaines d’exemplaires. Rare, la presse politique, quant à elle, a le plus souvent une existence brève dépendante des variations de la législation. Il est vrai que, peu urbanisé, le département est de surcroît victime de la proximité de Paris et de Rouen, où est publié le Journal de Rouen. Ainsi, on ne compte qu’un seul journal républicain en mars 1848, qui s’arrête en février 1849. En revanche, le conservateur Courrier de l’Eure, avec ses 2000 abonnés, paraît de 1841 à 1919. Grâce à l’assouplissement de la loi sur la presse en 1868, naît le républicain Progrès de l’Eure, puis ce sera en 1870 L’Eure, de tendance orléaniste.
  
 Deuxième époque : la IIIe République ou l’âge d’or de la presse départementale. Loi de 1881, progrès de l’alphabétisation, intensité de la vie politique, tout favorise une floraison de journaux politiques, où commencent à exercer rédacteurs et journalistes, alors qu’autrefois leClaude Cornu directeur tenait bien souvent seul la plume. En 1914, on ne compte pas moins de 40 titres, dont 22 de droite, avec, pour une population de 320 000 habitants et 93 000 électeurs, un tirage cumulé de 65 000 exemplaires, y compris les 10 000 de L’Industriel de Louviers et de ses publications sœurs. Il s’agit pour la plupart d’hebdomadaires à 4 pages : la première est consacré à la politique intérieure et étrangère, en pages 2 et 3 on trouve les nouvelles locales, la dernière est vouée à la réclame et, au besoin, aux horaires des trains. Claude Cornu en a commenté le détail tout en mettant en évidence la presse vernonnaise. À droite, Le Réveil de Vernon, qui tire à 500 ; du côté républicain de gauche, le Journal de Vernon (600) ; les radicaux ont Le Républicain de Vernon, dirigé par le maire Adolphe Barette (800). Dans l’ensemble, même si la feuille radicale est radicalement hostile à la droite et anticléricale, cette presse est plutôt modérée,  et les journaux socialistes ne durent guère. La Grande Guerre porte un coup d’arrêt à cette situation florissante : mobilisation et difficultés économiques ne laissent survivre que 21 journaux, soumis bien entendu à la censure. Une commission locale comprenant un officier et un civil (à Vernon il s’agit du maire Émile Steiner) veille à effacer toute indication militaire susceptible d’aider l’ennemi, toute information diplomatique éventuellement gênante, toute phrase pouvant ébranler la cohésion nationale. On appelle « échoppage » ce grattage, qui laisse un blanc à l’impression définitive. S’ajoute évidemment à ce contrôle l’autocensure. Maintenir l’union sacrée, rassurer, ne pas parler des pertes ou des grèves : la presse est au service de la patrie, même si la durée de la guerre infléchit un peu le discours. Pour attentive qu’elle soit, la censure n’en reste pas moins relativement mesurée : seul un numéro sur vingt environ est affecté. À la fin de 1918, plusieurs titres renaissent, mais ils ne seront que 34 en 1939, la crise économique ayant frappé malgré l’augmentation du tirage (100 000). Il faut noter un net changement d’orientation politique en faveur de la droite. Ainsi le Journal de Vernon vire de bord, ainsi que Le Républicain de Vernon. Cependant, en 1930 est créé par Victor Petit Le Démocrate de Vernon, qui s’affiche comme républicain.
   
Troisième phase : le temps des épreuves. Sous l’Occupation, de nombreux journaux disparaissent et la surveillance de l’occupant est très sévère. Tous les articles doivent lui être soumis, et il impose l’insertion d’informations et de textes de propagande. En dehors d’une presse résistante clandestine, comme Porte normande à partir d’octobre 1943 ou les 27 numéros entre 1942 et 1944 du Patriote de l’Eure, organe du Front national dirigé par le parti communiste, les journaux se partagent entre ceux qui prennent leurs distances, parfois subtilement, mais qui prennent le risque de l’interdiction (Le Démocrate de Vernon est interdit en octobre 1943 et son directeur Robert Laurence déporté) et ceux qui choisissent la collaboration. Dès après la Libération, tous les journaux sont suspendus,sauf les clandestins qui peuvent paraître au grand jour, et doivent passer devant une commission chargée d’examiner leur attitude sous l’Occupation. L’épuration fut assez clémente. La reparution doit faire l’objet d’une autorisation de ministère de l’Information et 10 journaux en bénéficient. Des publications changent leur titre : Le Démocrate de Vernon devient Le Démocrate vernonnais. Le 28 février 1947, une nouvelle loi met fin à cette obligation d’autorisation. Hélas, cette liberté retrouvée sera contrariée par le début des disparitions de journaux, fortement accélérée par la crise des années 1970 qui affecte toute la presse écrite. Aujourd’hui, à l’ère du numérique et du règne de l’image, il ne reste que 6 journaux départementaux (9 avec les éditions annexes), appartenant à la même filiale du groupe Ouest-France, et dont la diffusion est inférieure à ce qu’elle était en 1939.
    Une conférence particulièrement instructive donc, passionnante de bout en bout et donnant à réfléchir. Ajoutons qu’était en vente un ouvrage dirigé par Claude Cornu et publié en 2012 par le musée de Louviers et les  éditions Point de vue : Pierre Mendès-France, un homme d’État républicain.           GG

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Avril

Conférence "La maladie de Lyme"

Mercredi 19  avril 2017 à 20 h 30 à l'espace Philippe-Auguste
 de Vernon
(entrée libre et gratuite)

par William Tolsma, membre du CEV

  • Historique de sa découverte.
  • Où est-elle présente ?
  • Ses manifestations …
  • 32000 cas en France en 2015
  • Pourquoi les médecins dénoncent-ils un scandale sanitaire et appellent-ils à un plan national d'information ?
  • Conseils aux promeneurs et aux marcheurs.

Jeudi 27 avril 20 h 30 - Cinéma-théâtre 

conférence " Nicolas Poussin, un peintre novateur "
    par Françoise Baron-Miseroux et François Bonnet

Françoise Baron-Miseroux, élève de l'école du Louvre et François Bonnet, président des Amis des sites andelysiens
Auto portrait Nicolas Poussin
     Nicolas Poussin, fils d'un petit noble désargenté et de Marie de Laisement, fille d’un échevin de Vernon et jeune veuve d’un procureur, naît en juin 1594 aux Andelys. Son don pour le dessin est remarqué par Quentin Varin, peintre qui travaille pour la collégiale Notre-Dame des Andelys. À l'âge de 18 ans, il part pour Paris où il se forme à la peinture avec des fortunes diverses. À 30 ans, il arrive à Rome, la ville où tous les peintres de l'époque rêvent de se rendre. Après des débuts difficiles, il devient si célèbre dans toute l'Europe que Louis XIII le rappelle en France en 1640. Mais son avenir est à Rome où il retourne dès 1642 jusqu'à sa mort en 1665. La biographie de Nicolas Poussin sera présentée par François Bonnet, président des Amis du Patrimoine des Andelys, qui insistera sur les éCoriolan supplié par les siensvènements de la vie du peintre qui peuvent expliquer son style novateur, grâce notamment aux écrits de Félibien et à des extraits des lettres de Poussin.

     La notion de classicisme dans la peinture française du XVIIe siècle est incarnée par Nicolas Poussin. Sa peinture d’une grande richesse d’inspiration, complexe et parfois qualifiée de savante, est fondamentale dans l’histoire de l’art en France. Nicolas Poussin a reçu une formation singulière, sans apprentissage en bonne et due forme. Il n’a pas eu de vrai maître et il n’a pas appartenu à une corporation. Il s’est ainsi affranchi des commandes et il est devenu un artiste libre.

     Françoise Baron-Miseroux, ancienne élève de l'École du Louvre, montrera pourquoi Poussin est un peintre novateur, comment il a inauguré la lecture savante d'un tableau en théorisant un savoir néoplatonicien ainsi que chrétien. L’artiste a développé son propre style qui se caractérise par une grande rigueur dans la composition. Poussin a apporté en France un art nouveau qui a su séduire la monarchie absolue française.
     En effet, les rois de France se sont appuyés sur une démarche interprétative dans le domaine politique. Le classicisme, par sa rigueur et sa capacité à exalter les valeurs morales, a répondu parfaitement aux besoins de représentation de la politique française et il est devenu par là-même le « grand goût » imposé par l'Académie des Beaux-Arts.
 
LA PEINTURE CONCEPTUELLE DE NICOLAS POUSSIN, UN PEINTRE NOVATEUR (GG)
    
    Comme l’a souligné en introduction le président du CEV, Jean Pouëssel, c’est une conférence exceptionnelle à plus d’un titre qu’un public particulièrement nombreux – pratiquement 140 personnes dont un fort contingent andelysien – a pu écouter le jeudi 27 avril. Elle se tenait en effet au Cinéma-théâtre, et était conjointement organisée par le CEV et les Amis du patrimoine des Andelys.François Bonnet
     Dans un premier temps, M. François Bonnet, président de cette association, a tracé les grandes lignes de la vie de Nicolas Poussin, né aux Andelys en 1594. Jean, son père, avait combattu durant les Guerres de religion dans les troupes du futur Henri IV. Sa mère, Marie de Laisement, était vernonnaise.
     Ètudes chez les Jésuites à Rouen, influence de son mentor, Quentin Varin, départ pour Paris : sa carrière de peintre ne suivra pourtant pas le parcours attendu.
Poussin n’intègre pas la corporation et ne travaille pas en atelier, ne réalisant donc pas de commandes.    Ayant découvert la peinture italienne, notamment celle de Raphaël, il se rend à Rome en 1624, où il est protégé par le poète Cavalier Marin. La mort de ce dernier en 1625 contraint Poussin à vivre pauvrement et à exécuter des commandes. Il se fait cependant favorablement connaitre ensuite, grâce au soutien du cardinal Barberini. En 1640, Louis XIII le rappelle en France pour devenir peintre ordinaire du roi. Il préfère néanmoins retourner à Rome en 1642, et il y restera jusqu’à sa mort en 1665.

Françoise Miseroux      Dans un second temps, Mme Françoise Baron-Miseroux, ancienne élève de l’École du Louvre, a proposé l’interprétation d’œuvres de Poussin. Dès lors qu’il aura trouvé sa manière, le peintre s’en tiendra à une conception de la peinture comme message. Se référant d’abord à la Renaissance italienne, en phase ensuite avec le mouvement intellectuel de son époque, nourri de la culture antique et judéo-chrétienne, définissant le sujet comme intérêt primordial, Poussin privilégie la perspective linéaire, la théâtralisation des figures, la composition. Un tableau exprime avant tout une idée et donne une leçon morale à méditer. Un tel programme ne pouvait que plaire au pouvoir politique français, qui crée en 1648 l’Académie royale de peinture et de sculpture, laquelle définit les cPublicanons esthétiques de l’art classique au service de la propagande de la monarchie absolue. Poussin invente la peinture interprétative, dont le spectateur doit faire une lecture savante. L’influence du stoïcisme s’ajoute aux facteurs déterminant les intentions de Poussin, lequel s’intéresse par exemple à la manière et au moment dont le destin s’empare de la vie. Ses paysages idéalisés constituent l’écrin où se déroulent les passions humaines.
     Tout tableau commence par une pensée, les dessins préparatoires valent comme esquisses, et le peintre travaille ensuite directement sur la toile. Mme Baron-Miseroux a montré tout cela en analysant plusieurs œuvres, dont les Quatre Saisons du musée du Louvre et le Coriolan supplié par sa famille du musée Nicolas Poussin des Andelys, qui le détient depuis 1830.
      Un peintre novateur donc, sans appartenance à une corporation, libre du choix de ses sujets, prisé des amateurs qui lui achètent ses toiles, célébré par de nombreux artistes et écrivains, de Le Brun à Cézanne, en passant par Chateaubriand et Théophile Gautier. Il nous reste de lui environ 240 tableaux, dont 39 dans les trois salles que lui consacre le Louvre, et 52 au total visibles en France. A noter que les Amis du patrimoine des Andelys publient un fort intéressant fascicule répertoriant et expliquant ces 52 œuvres pour la modique somme de 6 € et 2 € de frais de port.




Jean Baboux
Musée de Vernon, le samedi 29 avril à 15 h
 "La Seine à Vernon, les loisirs au fil de l'eau"

Jean Baboux
Vice président du CEV


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Mai

navigation sur la Seine

   Vendredi 12 mai à 20 h 30 - Espace Philippe-Auguste de Vernon
conférence de Roger Barrette, historien québécois
L’influence de Charles De Gaulle et de ses successeurs sur le rayonnement international du Québec (1940-2016)

Il y a cinquante ans, le 24 juillet 1967, le général de Gaulle lançait depuis le balcon de l’hôtel de ville de Montréal le célèbre « Vive le Québec libre ! ».
    À l’occasion de cet anniversaire,  le CEV a convié l’historien québécois Roger Barrette, ancien président de l’Association Québec-France et de la Société historique du Québec, pour une conférence consacrée à L’influence de De Gaulle et de ses successeurs sur le rayonnement international du Québec (1940-2016).
    S’appuyant sur des archives longtemps gardées secrètes de l’Élysée, du Quai d’Orsay et du Québec, la conférence de Roger Barrette apportera des réponses étonnantes à diverses questions concernant les rapports entre la France et le Québec.
    Géant politique du XXe siècle, pourquoi De Gaulle s’est-il intéressé aux Canadiens français du Québec ? Que sait-on de ses trois visites au Québec ? Quelles sont les innovations diplomatiques du Général et de ses successeurs qui ont permis au Québec de rayonner depuis cinquante ans sur la scène internationale (Francophonie, Unesco) ? Pourquoi le Québec est-il considéré comme un acteur-clé de la signature, en novembre 2016, de la CETA (Accord global de libre-échange Union européenne-Canada) ?
    Cette conférence jettera également un regard inédit sur les origines de la diplomatie québécoise et sur les initiatives originales prises par les présidents français pour répondre à la volonté des gouvernements québécois de consolider le fait françai
Roger Barrettes au Québec et d’étendre la coopération franco-québécoise à tous les domaines.
    De nombreuses photos d’époque, des extraits de films et de discours importants seront présentés par Roger Barrette.

     Ancien juge-en-chef du tribunal du travail du Québec (BCGT), Roger Barrette est aussi historien.  Il a enseigné à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), à l’Université Laval de Québec et à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP).  Il est membre de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC). Il a été président national de l’Association Québec-France et président de la Société historique de Québec.  Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages et articles notamment, de biographies parues dans le Dictionnaire biographique du Canada.

LE QUEBEC ET LA FRANCE, DE DE GAULLE A AUJOURD’HUI
Cinquante ans… cinquante ans déjà que le général De Gaulle prononça, du balcon de l’Hôtel de ville de Montréal, le célèbre
 « Vive le Québec libre ! ».
    Le vendredi 12 mai – jour choisi en fonction de l’emploi du temps chargé du conférencier en pleine tournée dans notre pays – le CEV recevait pour évoquer les liens entre la « Belle Province », De Gaulle et la France l’historien québécois Roger Barrette, lequel  a peut-être un lointain lien de parenté avec Adolphe Barette qui fut maire de Vernon à la fin du XIXe siècle. Roger Barrette
     Dans un exposé clair, bien agencé, abondamment illustré, y compris par des extraits de film, Roger Barrette a rappelé que De Gaulle s’est toujours intéressé à nos cousins de l’ancienne Nouvelle France (1608-1763), qui représentent toujours 80% des 8,3 millions d’habitants de cette province grande comme trois fois la France. Dès le 1er août 1940, il leur lance un appel via la BBC, et se il rend à Québec et Montréal les 11 et 12 juillet 1944. Devenu président de la République, il y retourne les 21 et 22 avril 1960, puis reçoit le Premier ministre Jean Lesage le 5 octobre 1961. Le fameux voyage de 1967 apparaît donc bien comme la conséquence en forme d’apothéose d’une réflexion longuement mûrie sur la spécificité et l’évolution du Québec, la solidarité à exercer avec une minorité francophone dans un Canada majoritairement anglophone, les liens nécessaires que la France doit nouer avec ce qui doit devenir un « Ètat français d’Amérique », formule utilisée par De Gaulle le 15 mai 1963.
     En juillet 1967, pour éviter de se rendre directement à Ottawa comme l’exigeait le gouvernement fédéral, De Gaulle prend le bateau : 8 jours de mer, 4 jours au Québec, 270 km le long du « Chemin du roi ». Un voyage triomphal, qui aurait dû se conclure par une visite officielle à OttaPublicwa, annulée en raison du scandale provoqué par l’allocution du 24 juillet restée dans toutes les mémoires. Le lendemain, lors du dîner d’apparat offert par la ville de Montréal à l’Hôtel de ville, balayant superbement « tout ce qui grouille, grenouille, scribouille », De Gaulle qualifia ce moment d’exception de « choc » permettant d’aller « au fond des choses ». Tout cela venait bien de loin…
     Dès le milieu des années 1960, une « guerre de vingt ans » oppose l’Ètat fédéral canadien et le Québec, dans laquelle se trouve impliquée la France, soucieuse de ne pas s’opposer trop violemment au Canada – notamment durant le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau, très hostile à la politique française –  tout en entretenant et développant la relation privilégiée avec le Québec. De Pompidou à Chirac, malgré quelques péripéties, bien détaillées par Roger Barrette, les accords et les échanges, tant économiques que culturels, se multiplient. La France est ainsi devenue le 3e investisseur au Québec, 10 000 étudiants français y poursuivent leurs études, et le Québec tient toute sa place en tant que gouvernement participant dans les instances de la Francophonie. Cette conférence de belle tenue, fort éclairante, a ravi un auditoire un peu moins nombreux que d’ordinaire, mais très attentif et qui a ainsi (re)découvert une tranche d’histoire particulièrement chère à nos deux peuples. (GG)

Mardi 23 mai 2017 à 20 h au cinéma-théâtre de Vernon,
Soirée Decoin
organisée par le CEV et le ciné-club "un autre regard"

 projection de Razzia sur la chnouf, film de Henri Decoin,
en présence de son fils Didier Decoin.  (séance de cinéma payante 8,50 €)
Razzia sur la chnouf

    Le Cercle d’études vernonnais et le ciné-club de Vernon Un autre regard se sont associés pour organiser une soirée consacrée à Henri Decoin, en présence de son fils Didier Decoin.
  Après l’évocation de souvenirs familiaux par Didier Decoin sera projeté le film Razzia sur la chnouf, réalisé par Henri Decoin en 1955. Un des sommets de la carrière du réalisateur, il s’agit d’une adaptation d’un roman d’Auguste Le Breton publié dans la Série noire. Le film est interprété par Jean Gabin, Lino Ventura, Marcel Dalio, Paul Frankeur, Magali Noël et Auguste Le Breton lui-même. Ce « polar à la française » montre la sombre réalité du trafic de drogue et ses sinistres rouages, dans la nuit parisienne, au milieu d’une méfiance permanente.


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Juin

Vendredi 23 juin 2017
soirée Casimir Delavigne,
dans le parc du château de la Madeleine,
puis repas avec conférence de Gérard Gengembre
à l'auberge des pécheurs à Port-Mort.

Château de la Madeleine

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Septembre

Rappel
16 & 17 septembre 2017 : Journée du patrimoine


 Jeudi 28 septembre 20 h 30 - Mairie de Vernon (Salle des mariages)
conférence d'Yves Le Maner
1917, l'impasse sur le front ouest

Passchendaele

Présentation de la conférence      

        Malgré l’ampleur des pertes enregistrées au cours de l’année 1916 à Verdun et dans la Somme, 1917 est à nouveau marquée par de grandes offensives britanniques et françaises qui, toutes, aboutissent à des échecs sanglants : Arras, le Chemin des Dames, Passchendaele, Cambrai…

       C’est Yves Le Maner, agrégé d’histoire, ancien directeur du Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais (La Coupole, Saint-Omer), membre du Conseil scientifique de la mission nationale du Centenaire de la Première Guerre mondiale, qui viendra nous parler de cette année terrible.

      Le récit de ces tragédies, appuyé sur des photographies d’archive provenant de fonds français, allemands, britanniques, canadiens et australiens, nous replongera dans l’enfer des combats de la Grande Guerre, le premier conflit industrialisé de l’Histoire.

Résumé de la conférenceYves le Maner

    Délocalisée dans la salle des mariages de l’Hôtel de ville de Vernon pour cause de travaux à l’Espace Philippe-Auguste, comme le sera également celle de novembre, la conférence de M. Yves Le Maner sur « L’année 1917 sur le front ouest » a attiré un public nombreux, lequel a été comblé. Avant la conférence, Jean Pouëssel, président du CEV, a rappelé la tenue du 18 au 21 octobre du congrès de Vernon-Giverny de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie et a fait appel aux bénévoles pour aider à la bonne marche de ses activités, notamment le concert à la collégiale du vendredi 20.

    Agrégé d’histoire, ancien directeur de la Coupole à Saint-Omer, actuellement conseiller scientifique auprès de la Mission nationale du Centenaire de la Première Guerre mondiale, Y. Le Maner, à l’aide d’archives photographiques souvent inédites et particulièrement frappantes,  a brillamment détaillé les opérations militaires de cette année terrible, qui fournit largement sa part aux 3 500 000 morts en quatre ans sur le front ouest. Rappelant d’abord la situation après les batailles de 1916 (Verdun, la Somme) qui place les belligérants dans une impasse stratégique, et l’échec des tentatives de paix, il a détaillé la terrifiante succession d’offensives et d’échecs sanglants qui scande l’année 1917 sur le front ouest. La guerre sous-marine à outrance engagée par l’Allemagne et ses 150 U-Boote échoue à partir de juin.

Nivelle    Nivelle, qui a remplacé Joffre, promet la percée en 24 ou 48 heures, mais interprète comme un aveu de faiblesse le repli allemand sur une ligne Arras-Reims rendue infranchissable par un système de défense remarquable (ligne Siegfried pour les Allemands, ligne Hindenburg pour les Alliés) – à noter que ce repli stratégique donne lieu à l’effrayante opération Alberich, la destruction systématique des villes, villages et paysages. Les Britanniques attaquent le 9 avril  à Arras pour fixer les troupes ennemies en préparation de l’offensive du Chemin des Dames, mais après des succès initiaux (dont la reconquête de la  crête de Vimy par les Canadiens), ils se heurtent à la ligne Hindenburg. Les Australiens se font massacrer à Bullecourt. Le bilan est médiocre, et le coût humain considérable (au moins 39 000 morts autour d’Arras, 4 000 morts à Vimy, 3 200 morts à Bullecourt). Le 16 avril, 200 000 Français et des éléments russes se lancent à l’assaut du Chemin des Dames après une préparation d’artillerie de six jours par 5 000 canons qui n’entame pas les défenses allemandes. C’est un carnage (par exemple les Sénégalais de Mangin perdent 60%  de leur effectif) : 40 000 morts en dix jours pour rien, et en sus une catastrophe sanitaire, les moyens médicaux étant très insuffisants. Dix jours : c’est aussi le temps que met l’opinion à comprendre l’ampleur du désastre. Ministre de la Guerre, Painlevé limoge Nivelle et appelle Pétain. En novembre, Clemenceau devient président du Conseil. La tragédie du Chemin des Dames provoque une sorte de grève des soldats-citoyens, dont la célèbre « Chanson de Craonne » exprime la colère. Deux tiers des divisions sont concernées, entre 60 et 90 000 soldats manifestent. S’ajoutent les grèves dans le pays, notamment celles des femmes dans les usines d’armement. Il y aura 3 500 condamnations, dont 550 à la peine de mort, mais 500 condamnés sont graciés, 49 fusillés, un s’évade, Vincent Moulia, qui sera amnistié en 1933. Les soldats remontent tous en ligne à partir de juillet, Pétain ayant réussi à calmer la rébellion. Pendant un an, l’armée française assurera essentiellement la défensive. Puis se seront les 250 000 tués des troupes de l’Empire britannique à Passchendaele entre juillet et novembre (l’ypérite, un gaz particulièrement dévastateur, est largement employé). Ajoutons la bataille de Cambrai de novembre, où les 400 chars britanniques échouent (les Allemands en tireront la conclusion erronée qu’ils ne servent à rien), et à l’occasion de laquelle l’armée allemande inaugure une nouvelle et fort efficace tactique de troupes de choc (les Sturmtruppen). Enfin, la Révolution d’Octobre en Russie changera la donne, permettant à l’Allemagne d’envisager les offensives de 1918. Y. Le Maner a ensuite répondu avec pertinence à de nombreuses questions qui ont conclu une soirée passionnante, nouvelle contribution du CEV aux commémorations du centenaire de la Grande Guerre.


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Octobre

Du 18 au 21 octobre 2017, Vernon et Giverny ont accueilli le
52ème congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie,
organisé par la fédération (FSHAN ) et le CEV
Frontières, obstacles, franchissements en Normandie.


conférence de M. Thierry Lentz
Mercredi 18 octobre à 20 h30 au cinéma théâtre
Entrée libre et gratuite

"Géopolitique et frontières européennes à l’époque de Napoléon."

Concert à la collégiale de Vernon.
Vendredi 20 octobre à 20 h 30 à la collégiale
Entrée libre et payante (12 €)

Chorus semper viret et
quatuor saxophone Arthésis de Rouen



Thierry LentzUNE GRANDE LEÇON D’HISTOIRE :

LA CONFÉRENCE  DE THIERRY LENTZ DU 18 NOVEMBRE 2017
GÉOPOLITIQUE DES FRONTIÈRES DE L’EMPIRE NAPOLÉONIEN

   À l’invitation du CEV pour le 52e congrès de la Fédération des cociétés historiques et archéologiques de Normandie, Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon et éminent spécialiste de la période napoléonienne, a captivé 200 auditeurs le mercredi 18 octobre 2017 au cinéma-théâtre en expliquant brillamment la géopolitique des frontières de l’empire napoléonien.
Après la présentation de Jean Pouëssel, président du CEV, Thierry Lentz a exprimé sa joie de participer ainsi à l’activité de sociétés savantes vivantes et rappelé que l’histoire était une belle matière pour les hommes libres. Puis, reprenant une formule de Napoléon, « L’histoire des nations s’inscritCarte frontière dans leur géographie », il a entrepris dans un premier temps de présenter sous l’angle de la géopolitique la carte de l’Europe en 1789.
 
   La France y occupe une place prédominante (on rappellera qu’avec sa possession de Saint-Domingue elle fournit un tiers de la production mondiale de sucre, une richesse économique considérable (à laquelle s’ajoute la moitié du café et du coton produits alors dans le monde), avec l’Autriche et la Russie. La Prusse joue également un rôle important. Quant à l’Angleterre, elle est tournée vers le commerce mondial plus que vers l’Europe.
Des forces profondes se manifestent, qui seront le moteur de vingt années de guerres, guerres qui se seraient vraisemblablement produites, même sans la Révolution et l’Empire, lesquels en précipitent et exacerbent néanmoins  le déroulement. Il suffit de constater comment Russie, Autriche et Prusse se partagent la Pologne, qui disparaît totalement en 1795. Deux conceptions de la diplomatie européenne s’affrontent alors : un équilibre entre les puissances continentales, prôné par l’Angleterre depuis les traités d’Utrecht de 1713, équilibre dynamisé par le commerce dominé par les Britanniques ; un système européen, dominé par la France, dont Napoléon sera le chamcartepion, qui en hérite de la Révolution.
 
   La carte de l’Empire à son apogée en 1812 montre la place des 134 départements français, qu’entourent les royaumes frères (Westphalie, Espagne, Naples) et les alliés (les 34 États de la Confédération du Rhin, la Confédération helvétique, le Danemark, le grand-duché de Varsovie) auxquels on peut ajouter l’Autriche (alliance matrimoniale) et la Russie (entrevue de Tilsit), le tout entouré par le blocus continental destiné à asphyxier économiquement l’Angleterre. Cependant, la grande erreur de Napoléon consiste en carteses changements d’alliance (trois fois en quatorze ans) et surtout dans sa conception des traités où il refuse de donner des compensations à ses partenaires. Si momentanément la Russie est matée, la Prusse réduite, l’Autriche renvoyée vers l’Est européen, tout est ainsi fragilisé et ces États vont vite revenir à une politique servant leurs intérêts, intérêts qui sont les mêmes depuis le XVIIIe siècle. Ainsi le système ne tient que par Napoléon seul.
 
 
La carte de 1815 telle qu’elle est redessinée par le congrès de Vienne, ou plutôt le concert des quatre grands vainqueurs (Angleterre, Autriche, Prusse et Russie) qui dominent les 105 délégations, procède de la création d’un droit international moderne et de l’harmonisation des intérêts. Ainsi, on abolit la traite négrière et on internationalise de nombreux fleuves. La France se voit désormais entourée de puissances moyennes : Pays-Bas, États allemands, Suisse neutralisée, Piémont, Espagne rendue aux Bourbons. On a donc une carte simplifiée, montrant les zones d’influence respectives, soit par annexion soit par tutelle exercée.
Public  
  À l’évidence, l’Angleterre a gagné, non seulement parce qu’elle annexe des territoires qui sont autant de bases navales (Heligoland, Malte) mais aussi et surtout parce que sa conception de l’équilibre européen a triomphé. La France ne pourra plus jamais mener une grande politique étrangère sans l’aval d’Albion. Cette victoire était prévisible, d’une part en raison de la domination anglaise sur les mers, d’autre part et peut-être plus sûrement encore, par l’or qui ne cesse d’affluer. L’Angleterre a pu emprunter sept fois la masse monétaire mondiale. Après un tel triomphe, l’Angleterre ira tout au long du XIX siècle vers une forme de désintérêt pour l’Europe, qu’elle continue de surveiller cependant, privilégiant le grand large, ses colonies, son commerce.
 
   La démonstration lumineuse de Thierry Lentz a suscité l’enthousiasme du public et, avant de signer ses ouvrages, l’orateur a répondu avec clarté et précision à plusieurs questions (notamment sur la Pologne, le Blocus continental, Bernadotte, le rôle de Talleyrand au congrès de Vienne).

 
Programme du congrès

Mercredi  18 octobre
Jeudi 19 octobre
Vendredi 20 octobre
Samedi 21 octobre
9 h 30   Accueil des participants au musée des Impressionnismes de Giverny.

10 h 15 Ouverture du congrès, discours

11 h     Conférence inaugurale,
Bruno NARDEUX, Docteur en histoire.
La frontière nord du Vexin normand et la forêt de Lyons au XIIe siècle.
12 h     Fin
*   *   *
La frontière maritime

13 h 30 Paul LABESSE
Amys du Vieil Eu
Histoire des délimitations entre Mers et Le Tréport.
14 h     Daniel HÉLYE
Société des antiquaires de Normandie
La défense du littoral ouest du Cotentin (Pontorson-Portbail) entre le XIe et le XVIIIe siècle.
14 h 30 Jean POUËSSEL
Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche
Les menaces sur la frontière maritime du département de la Manche pendant la Révolution (1792-1799).
15 h     Sylvain NICOLLE
Société des antiquaires de Normandie
Une frontière maritime en temps de guerre : le littoral du Calvados sous Napoléon.
15 h 30 Pause

16 h      Yves MURIE
Société d’Archéologie d’Avranches, Mortain et Granville
La digue de Cherbourg, ouvrage de défense et frontière internationale.
16 h 30 Thierry VINCENT
Centre havrais de Recherche historique
Boutiques et viviers sur le littoral de Pays de Caux : une pratique de pêche à pied oubliée, des traces pourtant bien visibles.
17 h     Dominique SIMÉON
Amys du Vieux Dieppe
Paris port de mer, obstacles et franchissements en Normandie.
17 h 30 Fin

*   *   *

18 h 30
Réception à la mairie de Vernon.

20 h 30
Conférence publique au
cinéma-théâtre de Vernon

Entrée libre et gratuite

Thierry LENTZ, Directeur de la Fondation Napoléon
"Géopolitique et frontières européennes à l’époque de Napoléon
."

Construire les frontières de son territoire

10 h 15 Jean-Claude VIEL
Cercle d’études vernonnais
La rupture politique du début du XIIIe siècle entre le continent et l'Angleterre a-t-elle aussi induit une rupture linguistique entre les parlers d’oïl continentaux et insulaires ?
10 h 45 Yannick ROSE
Société historique et archéologique de l’Orne
Alençon et la Porte de Sarthe, l’entrée méridionale en territoire normand. Éléments d’étude.
11 h 15 Sophie MONTAGNE
-CHAMBOLLE,

Société historique et archéologique de l’Orne
Le Perche et ses frontières.
11 h 45 Fin
*   *   *
13 h 30 Bernard BODINIER
Société d’Études diverses de Louviers et sa région
Des paroisses aux communautés de communes, les limites communales dans l’Eure.
14 h     Pierre PAJOT Pierre
Cercle d’études vernonnais
Quelles frontières pour la Normandie ? Les réactions à la proposition de loi de régionalisation de Jean Hennessy en 1918.
14 h 20 Guy QUINTANE
Cercle d’études vernonnais
Les nouvelles frontières de la Normandie.
14 h 40 Discussion
14 h 50 Pause
S’affranchir des frontières

15 h 10 Jean-Pierre BINAY
Société d’Études diverses de Louviers et sa région
Un antiquaire normand venu de Bretagne : une correspondance inédite de François Rever (1753-1828).
15 h 40 Gérard GENGEMBRE
Cercle d’études vernonnais
La Normandie de Michelet, province frontière et circulation de la pensée.
16 h 10 André GOUDEAU
Cercle d’études vernonnais
Le vagabondage dans l’Eure au XIXe siècle.
*   *   *
16 h 40 Présentation de l’exposition des œuvres du peintre fauviste Mauguin.
17 h      Visite de l’exposition au musée des Impressionnismes.
18 h     Fin
*   *   *
18 h 30
Promenade dans Giverny
 jusqu’à l’église Sainte-Radegonde et la tombe de Claude Monet.
19 h 30
Repas du congrès à l'ancien hôtel Baudy

La voie d’eau comme obstacle ou trait d’union

10 h 15 Jean BABOUX
Cercle d'études vernonnais,
Franchissements sur la Seine grâce aux maîtres de pont et aux maîtres de pertuis (ordonnance de Charles VI en février 1415).
10 h 45 Jean POUËSSEL
Cercle d’études vernonnais
Le pont de Vernon : les aléas d’un franchissement (1650-1815).
11 h 15 Patricia DUFFAY
Société historique et archéologique de l'Orne
La rivière Sarthe entre Alençon et Le Mesle-sur-Sarthe : obstacle ou trait d’union ? L'exemple de Hauterive.
11 h 45 Fin
*   *   *
13 h 30 Jean-Pierre CHALINE
Société de l’Histoire de Normandie
La Seine à Rouen : une frontière ?   
Délimiter son territoire
14 h     Bernard BODINIER
Société d’Études diverses de Louviers et sa région
Paroisse, seigneurie, communauté, propriété, un des multiples imbroglios administratifs de l’Ancien Régime.
14 h 30 Marc-Alphonse FORGET
Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche
Les frontières intra-paroissiales, les divisions en portions : les exemples de Saint-Denis-le-Gast.et Percy.
15 h     Pause
15 h 30 Nicolas TROTIN
Société parisienne d’Histoire et d’Archéologie
Construire un diocèse à l’époque concordataire : l’exemple d’Évreux au premier XIXe siècle.
16 h     Daniel FAUVEL
Société libre d’Émulation de Seine-Maritime
L'histoire des limites des communes du canton de Goderville de la Révolution à la Monarchie de Juillet.
16 h 30 Chantal CARPENTIER
Cercle d’Action et d’Études normandes
1517-2017 : 5 siècles d’agrandissements de la ville du Havre.
17 h      Fin

*   *   *
17 h 30
Visite de Vernon
 (collégiale Notre-Dame, vieilles rues,
tour des Archives).

20 h 30
 Concert à la collégiale de Vernon.
Entrée libre et payante (12 €)
Chorus semper viret et
quatuor saxophone Arthésis de Rouen


Des limites anciennes

10 h 15 Stéphane LAÎNÉ
Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche
En quoi la toponymie permet-elle de mieux comprendre les limites des territoires antiques et celles des structures médiévales ?
10 h 45 Laurence JEANNE, CRAHAM, et laurent PAEZ-REZENDE
Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche
Aux frontières des civitates de l’ex Basse-Normandie : la question de la filiation entre les découpages ecclésiastiques médiévaux et les anciennes limites des territoires antiques.
11 h 15 Lionel DUHAULT
Société des antiquaires de Normandie
Le litus saxonicum, une frontière intérieure ? Création, évolution et disparition d’une frontière militaire de l’Antiquité tardive en Normandie.
11 h 45 Fin
*   *   *
La rivière ligne de défense

13 h 30 Anne KUCAB
Centre de Recherches archéologiques du Vexin français
L’Epte, entre imaginaire et réalité : la place de la frontière franco-normande autour de Saint-Clair-sur-Epte au Moyen Âge.
14 h       Jean-Philippe HENRY
Cercle d’études vernonnais
La Basse-Seine, un obstacle naturel sous-exploité face à l’offensive allemande de juin 1940.
14 h 30 Benoît COTTEREAU
Cercle d’études vernonnais
Un échec britannique lors du franchissement d’assaut de la Seine, 27 août 1944, Vironvay-Andé (Eure).
15 h      Pause

15 h 30 Georges-Robert BOTTIN
Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche
Connaître et délimiter les communes de la Manche (1789-vers 1840).
16 h     Eric BARRÉ
Société française d’Histoire maritime-délégation de Normandie
Aurigny, terminal pour un pirate.

*   *   *


16 h 30
Conclusions du congrès par
François NEVEUX,
président de la FSHAN.

17 h      Fin.
*   *   *


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Novembre

Jeudi 23 novembre 2017 20 h 30 - Espace Philippe Auguste de Vernon

conférence de Jean-François Mouflet

"les actes royaux de l’Hôtel-Dieu de Vernon"

JF Moufflet

    Le Cercle d’études vernonnais organise une conférence en lien avec l’exposition intitulée L’hôpital de Vernon, de Saint Louis à l’IRM, qui se tiendra au musée de Vernon du 25 novembre 2017 au 25 mars 2018.

    L’hôtel-Dieu de Vernon, d’abord édifié sur le pont, fut transféré dans la ville sur décision du roi Saint Louis en 1256. Établi dans le quadrilatère formé par la rue du Pont, la rue Grande (aujourd'hui rue Carnot), la rue de la Boucherie et le bord de Seine, il y restera jusqu’à la construction d’un nouvel hôpital sous le Second Empire.

    Jean-François Moufflet, conservateur aux Archives nationales, dont la précédente conférence consacrée à Saint Louis a remporté un vif succès, viendra nous présenter les chartes et autres actes royaux qui ont marqué l’histoire de l’hôtel-Dieu de Vernon au Moyen Âge.


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Décembre

Jeudi 14 décembre 2017 -20 h 30  - Espace Philippe Auguste de Vernon
conférence de Gérard Gengembre, secrétaire du CEV
 
Jean de la Varende et le roman Historique :
Mémoire et fidélité
La varendela Varende

Écrivain prolifique, au style enlevé, flamboyant parfois, séduisant toujours, Jean de La Varende (1887-1959) a célébré la Normandie, notamment son pays d’Ouche natal, mais on ne saurait le cantonner dans la littérature régionaliste.
En se limitant à une sélection de ses quelque soixante-dix romans et recueils de nouvelles, la conférence tentera de mettre en évidence la prise en charge de l’histoire qu’effectue le romancier d’un point de vue royaliste et contre-révolutionnaire. Exaltant la mémoire des combats menés au nom de la fidélité à des principes religieux et monarchiques, combinant efficacement une veine romanesque attrayante, un amour pour la patrie charnelle et un discours idéologique sans concession,
La Varende, scandaleusement exclu du panthéon officiel des grands écrivains, mérite d’être lu et relu, quand bien même ses œuvres principales ne sont pas rééditées


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