Cercle d'Études Vernonnais

Les activités 2022
du CEV et de ses membres

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20 Janvier 2022

Assemblée générale annuelle des adhérents du CEV
Ordre du jour
•    rapport moral et approbation,
•    rapport financier, rapport du vérificateur des comptes, approbation, budget 2022 et cotisations,
•    orientations pour 2022,
•    quitus sur la gestion du conseil d’administration,
•    renouvellement du mandat d’administrateurs,
•    présentation du nouveau Cahier vernonnais.
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24 Février 2022
Docteur Suzanne Noël (1878-1954)
pionnière de la chirurgie esthétique et militante féministe
François Denoncin

Présentation de la conférence :
    Denoncin
Suzanne Noël (1878-1954) fut interne des Hôpitaux de Paris, docteur en médecine, spécialisée en chirurgie plastique et esthétique, et pionnière dans ce domaine.
    À l’entrée de la guerre en 1914, elle exerce à l’hôpital Saint-Louis à Paris où des blessés de la face affluent. Pendant que tous les internes étaient mobilisés, dans des conditions extrêmement précaires, elle se dépense sans compter, participe à l'effort de guerre. Elle va porter secours aux blessés avant leur transport à l'hôpital, apporte son secours à de nombreuses œuvres de guerre. Cela lui vaut la médaille d’argent de la reconnaissance française.
    Impliquée dans la cause des femmes, elle porte sur son chapeau la revendication « Je veux voter » et appelle les femmes qui travaillent à faire la grève de l’impôts puisque l'État ne leur reconnaît aucun droit. Elle est aussi connue pour avoir créé, en 1924, la section française du Soroptimist International, mouvement interprofessionnel féminin, devenu ONG, créé aux États-Unis en 1921, et pour avoir par la suite fondé d'autres sections un peu partout en Europe et en Asie.
    En 1926, elle publie un ouvrage visionnaire, La chirurgie esthétique, son rôle social. De 1926 à 1936, elle parcourt le monde. Elle profite des conférences professionnelles
Zuzanne Noel et de ses voyages pour défendre et promouvoir les droits des femmes en vue d’ouvrir de nouveaux clubs Soroptimist.
    En 1928, elle reçoit la Légion d'honneur pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale. En 1930, elle fonde la Fédération européenne Soroptimist dont elle devient la première présidente. Elle fut aussi Tertiaire de l’Ordre de Saint-Dominique (1934).
    Pendant l’Occupation, elle modifie les visages de résistants ou de juifs traqués par la Gestapo. À la Libération, elle intervient pour effacer les séquelles physiques de déportés des camps de concentration nazis.
    François Denoncin, membre du CEV, nous fera découvrir la vie si riche de celle qui fut la marraine de son père, Philippe Denoncin (1924-2008).

Résumé de la conférence :

Le 24 février, dans la salle Maubert de l’Espace Philippe-Auguste, M. François Denoncin, ancien directeur de l’Institut Les Fontaines et président de Jeunesse et Vie, a évoqué pour le CEV la figure de Suzanne Noël. Très abondamment illustrée, la conférence fut agrémentée de lectures de textes de Suzanne Noël faites par Fabienne Pouëssel.

Une histoire de familles, les drames et les étapes d’une vie
 
                                                                                                         

Le père du conférencier fut le filleul de Suzanne Noël. De là, l’attachement particulier de François Denoncin à cette figure et la présentation de nombreux documents des archives familiales, s’ajoutant à ceux provenant la bibliothèque Marguerite-Durand à Paris. Suzanne Blanche Marguerite Gros naît le 19 janvier 1878 à Laon, dans l’Aisne. Elle est la fille de Victor Antoine Gros, sellier de profession, et de Esther Marie Arthémise Thomas. Issue d’une famille bourgeoise, elle est leur quatrième enfant. Ses frères et sœur décèdent tous prématurément, Le 05 mai 1884 à Laon, Victor Antoine Gros, 40 ans, décède. Suzanne est donc orpheline de son père à l’âge de six ans, et reste fille unique avec sa mère Esther.  De 1884 à 1890, Suzanne fait des études de lettres classiques et révèle notamment un talent pour les arts, le dessin, la peinture et la broderie. Vers l’âge de treize ans, elle remporte le premier prix de couture. Esther Gros parachève l'éducation de sa fille en l'initiant à la musique.  Elle reçoit une éducation religieuse.
À Laon, le 27 janvier 1897, Suzanne Gros épouse à dix-neuf ans le docteur Henry Pertat, puis emménage à Paris, 107 avenue de Villiers.
Le 11 novembre 1903, elle obtient son baccalauréat. De novembre 1904 à juin 1905, Suzanne se trouve à Alger, avec sa mère, et y prépare l’examen du Certificat d'études Physiques, Chimiques et Naturelles (P.C.N.), requis pour l'inscription en faculté de médecine, qu’elle obtient en juin 1905.
À la rentrée universitaire 1905, Suzanne entre à la faculté de médecine de Paris. Durant ses études de médecine, elle rencontre André Noël, étudiant comme elle.

Suzanne Pertat et André Noël sont nommés externes des hôpitaux de Paris en 1908, année de la naissance de Jacqueline, fille de Suzanne et d’André. Suzanne accomplit son externat jusqu’en 1912. Elle est notamment l’élève du professeur Louis Brocq, dermatologue, en 1911 puis en 1914 à l’hôpital Saint-Louis, et elle accède aussi au professeur Morestin, et s’intéresse à ses opérations.
Son mari, le docteur Henry Pertat, décède en juin 1918. Suzanne se retrouve veuve de guerre, en charge de sa fille de dix ans et de sa mère. En octobre 1919, Suzanne Pertat épouse le docteur André Noël et devient Suzanne Noël, nom sous lequel nous la connaissons. Ils s’installent 31 rue Marbeuf. Leur fille unique Jacqueline, élève du Conservatoire de musique décède à seulement treize ans de la grippe espagnole, en janvier 1922. André sombre dans la dépression et la neurasthénie. Le 5 août 1924, un nouveau drame traverse la vie de Suzanne : en se jetant dans la Seine, André Noël se noie. Il est inhumé aux cotés de Jacqueline.
Elle prend l’habit du Tiers-Ordre des Dominicaines le 4 août 1933 et fait profession le 4 août 1934 en devenant Soeur Saint-Vincent -Ferrier.
En 1936, à la suite d’une chute grave Suzanne Noël perd la vue. Elle suspend son activité professionnelle. Fin 1936, Suzanne est opérée avec succès d'une cataracte traumatique bilatérale par Charles Coutela (1876-1969) docteur et chirurgien en ophtalmologie, qui opéra Monet de la cataracte en 1923. Elle reprend progressivement l’exercice de son cabinet et emménage avenue Charles Floquet.

 
La pionnière de la chirurgie esthétique

Docteur spécialisée en dermatologie, cette femme remarquable est devenue une pionnière de la chirurgie esthétique suite à son expérience avec les blessés de la face durant la Grande Guerre, les « gueules cassées ».
En 1912, elle effectue une de ses premières opérations sur la comédienne Sarah Bernhardt. Quand éclate la Grande Guerre, elle exerce à l’Hôpital Saint-Louis où des blessés de la face affluent.  D’août 1914 à décembre 1919, 13 911 militaires y furent soignés (11 à 14% des blessés le sont au visage). Lorsque la guerre éclate en 1914, elle n’a pas encore eu l’occasion de soutenir sa thèse mais, comme tous les internes, elle est néanmoins autorisée à pratiquer la chirurgie.
En janvier 1914, Morestin est nommé chef du service de chirurgie réparatrice à l’Hôpital St-Louis, et durant le conflit, il a également, à sa charge, deux autres services : à l’hôpital Rothschild, et à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce où il organise dès 1915 le service des blessés et des mutilés de la face (« Le Vème blessé ») consacré à la chirurgie maxillo-faciale. Il sera surnommé le Père des Gueules Cassées.
Suzanne Noël se dépense sans compter et participe à l'effort de guerre. Elle va porter secours aux blessés avant leur transport à l'hôpital, dans la région de Braisne et de Soissons, arrière de la ligne de front de l’Aisne. Elle apporte son secours à de nombreuses oeuvres de guerre, en particulier à l’Association des réfugiés de l’Aisne.
PublicEn 1916, elle améliore ses techniques de la chirurgie correctrice et réparatrice auprès du Dr Thierry de Martel qui exerce à l’hôtel Astoria récemment transformé en hôpital, puis à l’hôpital américain.
Après la guerre, installés rue de Marbeuf en 1919, André exerce comme dermatologue, Suzanne pratique la chirurgie plastique ambulatoire et utilise un cabinet de toilette réservé à la douche filiforme.
En 1925, à quarante-sept ans, elle soutient sa thèse de doctorat de médecine : « Extension réflexe du gros orteil (l’hallux, du latin Hallus) d’origine périphérique ». En 1926, elle publie un ouvrage visionnaire, La chirurgie esthétique, son rôle social et, le 21 février 1928, elle reçoit la Légion d'honneur au titre du ministère des Affaires étrangères en qualité de docteur en médecine pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale.
En 1933, elle publie un ouvrage spécialisé intitulé La chirurgie esthétique, largement illustré par ses dessins et destiné au monde médical, en reprenant et complétant plusieurs de ses publications dans des bulletins médicaux de 1928 à 1933.

En 1940, à un âge où plus d'un spécialiste songe à la retraite, Mme Noël est nommée présidente de la Société de Morphobiologie plastique et esthétique et devient ainsi la première femme présidente d'une association médicale scientifique en France.
Suzanne demeure à Paris durant la guerre, poursuivant ses opérations chirurgicales. Pendant l’Occupation, elle modifie les visages de résistants ou de juifs traqués par la Gestapo. À la Libération, elle intervient pour effacer les séquelles physiques de déportés des camps de concentration nazis.

La militante féministe

Parallèlement à son activité professionnelle, elle s’engage dans le combat pour la cause des femmes, notamment le droit de vote.
 Suzanne s'était déjà engagée dans l’action et avait rejoint l’association des veuves et orphelins de médecins, l'association d'aide aux militaires de la Grande Guerre, l'association des réfugiés de l’Aisne et l'association nationale des jardins et ateliers sanitaires. Ceci l'amène à côtoyer d'autres femmes soucieuses de défendre leurs droits.

Sa participation à l’effort de guerre dont ses engagements auprès des associations seront reconnus en 1921 par la Médaille d'argent de la Reconnaissance française.
De plus en plus impliquée dans la cause des femmes, elle porte en 1923 sur son chapeau la revendication « je veux voter ». Membre du Comité Central de l’U.F.S.F. (Union Française pour le Suffrage des Femmes) appelle les femmes qui travaillent à faire la grève de l’impôts puisque l'État ne leur reconnaît aucun droit.

L’humaniste

On peut relier à ce militantisme son action en faveur d’une organisation féminine. En 1924 en effet, elle crée la section française du Soroptimist International, mouvement interprofessionnel féminin,Suzanne Noel devenu ONG, créé aux États-Unis à Oakland en 1921 et dont l’ambition est de défendre les droits des femmes et de les encourager à être plus autonomes. Elle fondera par la suite d'autres sections un peu partout en Europe et en Asie.
De 1926 à 1936, elle parcourt le monde de l’Europe au Moyen Orient en passant par l’Amérique.
Elle profite de ses conférences professionnelles et de ces voyages pour défendre et promouvoir les droits des femmes en vue d’ouvrir de nouveaux clubs Soroptimist.
En 1930, elle fonde la Fédération européenne Soroptimist dont elle devient la première présidente.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des clubs Soroptimist ferment. En 1943, un fonds d'aide à la reconstruction est créé et alimenté par les fédérations Soroptimist américaines et britanniques pour apporter de l'aide aux pays meurtris. Le bureau de cette fédération nomme cette action Fonds Suzanne Noël.  Elle reçoit ainsi des vivres, des vêtements pour les clubs français mais aussi de l'argent pour aider ou réorganiser des clubs Soroptimist européens.
 
Par ailleurs, elle prend part aux actions d’une OEuvre de l’enfance, « Les P’tits Quinquins », vouée à permettre à des enfants défavorisés dont les familles sont originaires des départements dits septentrionaux : Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Somme, Oise et Ardennes, de profiter de séjours en colonies de vacances, et pour cela de réunir des fonds. Ainsi, dans les années 1928 à 1939 et plus, Suzanne fut présidente du comité féminin de propagande pour « Les P’tits Quinquins ». 
Elle décède le 11 novembre 1954 à l’âge de soixante-seize ans, dans le 7ème arrondissement de Paris.
Conformément aux dernières volontés de la défunte, les obsèques ont lieu dans la plus stricte intimité. Infatigable, internationalement reconnue, décorée, elle demeure un exemple.
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31 Mars 2022
Histoire du programme Ariane
Jacques Pasquier


Présentation de la conférence :Ariane

Après un bref rappel du contexte de la genèse du programme Ariane, en 1973, né de l’échec du programme Europa mais aussi du succès du lanceur Diamant, cette présentation propose un rapide survol de près de 50 ans d’histoire de ce programme, d’Ariane 1 à Ariane 6, avec ses principaux objectifs, ses défis techniques, industriels et commerciaux, ses principales phases, depuis celle du développement initial d’Ariane 1, prolongé par ceux d’Ariane 3 et d’Ariane 4, puis celle de la production et de l’exploitation commerciale de ces versions du lanceur simultanément au développement d’Ariane 5 et enfin celle, toujours en cours, de l’exploitation  d‘Ariane 5 en parallèle du développement d’Ariane 6 .
    Avec un focus particulier sur la spécialité vernonnaise, la propulsion et ses moteurs Viking, HM7, Vulcain Vinci, discipline la plus spécifique, la plus exigeante et la plus dangereuse pour la fiabilité des lancements.
    Sans oublier les dimensions européenne mais aussi humaine de cette exceptionnelle aventure technologique.


Résumé de la conférence :

Public    La belle conférence donnée par Jacques Pasquier le 31 mars a attiré un nombreux public à l’EPA.

L’exposé, précis et technique, agrémenté d’abondantes illustrations, a permis aux Vernonnais présents de comprendre les différentes phases du programme Ariane décidé en 1973, voilà près de cinquante ans. Le rôle de Vernon est essentiel dans ce succès. Après l’échec de la fusée Europa, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni imaginent un lanceur européen pour s’affranchir des États-Unis, seuls capables alors de mettre en orbite les satellites.

Dans ce programme, le site de Vernon a conçu les moteurs à ergols liquides oxygène-hydrogène, et fournit aux différentes fusées Ariane (du n° 1 au n° 6 actuellement), les moteurs Viking, Vulcain, Vinci, dont la puissance augmente au cours des décennies permettant de lancer des satellites de plus en plus lourds. Aujourd’hui la grande réussite de ce programme réside entre autres dans la capacité de coordonner les fabrications de neuf pays européens.

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28 Avril 2022
        Reconstruction de Vernon
André Goudeau

Présentation de la conférence :
André Goudeau
       Après les bombardements ayant frappé le centre-ville en juin 1940, le conseil municipal souhaite une reconstruction rapide et la préparation d’uIlot Pasteurn premier projet d’aménagement est confié à un urbaniste de renom : Gaston Bardet, projet qui n’est pas mis en œuvre durant l’occupation. À la Libération, après de nouvelles frappes aériennes, un plan de reconstruction est élaboré sous l’autorité du ministère de la reconstruction et de l’urbanisme (MRU).
     Plutôt que d’édifier le centre-ville à l'identique comme certains Vernonnais le souhaitent, les urbanistes Lemaire et Blondeau entendent remodeler le tissu urbain. La plupart des immeubles projetés, de taille modeste, restent de facture classique mais l’architecte vernonnais Henri Pottier, grand prix de Rome, aidé par son collègue Jean Tessier, n'hésite pas à insérer au cœur de la ville un immeuble plus original : l'ilot Pasteur qui rappelle les réalisations d'Auguste Perret.
     Les opérations de remembrement, l’attribution des dommages de guerre et les réserves émanant de l’association des sinistrés retardent la reconstruction qui ne commence qu’en juin 1948 comme l’indique une plaque disposée rue Émile Steiner. Malgré toutes ces difficultés, ce fut « une époque exaltante », selon Georges Azémia, maire depuis février 1946.
L’histoire de la reconstruction de notre ville sera présentée par André Goudeau, président d’honneur du CEV.

Résumé de la conférence :
Ilot pasteurLa reconstruction de Vernon après la guerre était le thème de la conférence d’André Goudeau, président d’honneur du CEV.
Public

    Si tout le centre de Vernon est détruit en juin 1940, très vite des plans sont dressés par l’administration de Vichy mais rien ne se fait pendant l’Occupation. Après la Libération, de nouveaux projets sont élaborés : faut-il reconstruire à l’identique ou créer une ville moderne ? La seconde solution est choisie. L’élaboration est longue, il faut concilier les souhaits des commerçants, des sinistrés et de la municipalité. Des rues sont élargies, d’autres sont créées après un remembrement des parcelles. La première pierre est posée en juin 1948 ; les travaux durent une dizaine d’années. Les immeubles sont de taille moyenne, en matériaux modernes.
    Le conférencier a insisté sur le caractère novateur de l’îlot Pasteur, où l’architecte Henry Pottier sépare les magasins des appartements. Une très belle conférence ayant ravi les 140 personnes présentes dans la salle Vikings.



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19 Mai 2022
Napoléon, les derniers témoins
David Chanteranne
 
PrésenDavid Chanterannetation de la conférence :Napoléon départ

     À Sainte-Hélène, entouré de quelques fidèles officiers et domestiques, Napoléon a vécu entre 1815 et 1821 dans des conditions extrêmes. Sur cette île balayée par les alizés, installé dans un bâtiment humide, l’Empereur s’épanche auprès de ses intimes. Avec eux, il va gagner sa dernière bataille : celle de la légende.

    Dictant ses souvenirs, avouant ses fautes, tout en cherchant à montrer l’acharnement de ses adversaires contre la France, il élabore ce qui doit servir à ses successeurs : un manuel politique doublé d’une importante série de commentaires ou conseils. Ses confidences de captif à Las Cases, Bertrand, Marchand, Montholon, Ali, O’Meara, Gourgaud, Antommarchi ou d’autres témoins (Albine, Betsy et même ses oppositions à Hudson Lowe) constituent un formidable testament à destination des générations suivantes, dessinant un portrait original en creux de Napoléon.

David Chanteranne est journaliste et historien. Diplômé de l’université de Paris-Sorbonne, administrateur de l’Institut Napoléon, il est rédacteur en chef du magazine « Napoléon 1er – Revue du Souvenir Napoléonien » et de plusieurs publications d’histoire. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages et consultant pour France Télévisions, il est directeur du musée Bertrand de Châteauroux.

Napoleon
Résumé de la conférence :

ChanyteranneDavid

    La conférence de David Chanteranne du jeudi 19 mai a enthousiasmé le public du CEV venu nombreux à la salle Vikings. Retraçant les années d’exil imposées à l’Empereur de 1815 à sa mort en 1821, ce spécialiste de l’histoire du Premier Empire, également historien d’art et devenu tout récemment directeur du patrimoine à Rueil-Malmaison, a montré comment Napoléon a su forger sa légende.             Celle-ci sera diffusée par ceux que l’on appelle les quatre évangélistes à qui il a raconté sa vie et ses batailles tout en exposant ses idées, ses ambitions, ses rêves et remodelant l’histoire du monde. Par leurs écrits, les généraux Bertrand, Gourgaud et Montholon, ainsi qu’Emmanuel de Las Cases, auteur du célèbre Mémorial de Sainte-Hélène (1823), ces derniers témoins, ont ainsi joué un rôle capital  dans la formation de la légende napoléonienne qui imprégna l’imaginaire de tout le XIXe siècle et perdurant jusqu’à nos jours. Comme l’a dit Chateaubriand, « vivant, il a manqué le monde, mort il le possède ».


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17 Juin 2022
Soirée de juin à Croisy-sur-Eure

Moulin du Bechet    Croisy

Après deux années d'interruption dues aux restrictions sanitaires, le CEV est heureux de reprendre la tradition de ses soirées de juin.


    Nous serons reçus à Croisy-sur-Eure par M. Jean-Michel de Monicault, maire de la commune et membre du CEV et auro
ns le plaisir de découvrir ce charmant petit village de deux cents habitants, situé dans la vallée d'Eure, à quelques kilomètres de Pacy.Eglise Croisy


    Sous la conduite de Jean-Michel de Monicault, nous visiterons l'église, récemment restaurée (avec des peintures découvertes sur le mur nord), le château, le lavoir, l'ancien moulin, ....



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22 Septembre 2022
Holophane, Verlys :
un siécle de verre aux Andelys
Les amis du patrimoine des Andelys
  
Présentation de la conférence :Holophane

La Normandie conserve la tradition de l'industrie verrière depuis le XIIIe siècle, et c’est aux Andelys, qu’en 2021, Holophane, leader mondial des composants pour le verre d’éclairage automobile, a célébré son centenaire. 

L’association des Amis du Patrimoine des Andelys vous emmènera lors de cette conférence à la découverte de l’histoire de cette entreprise et surtout des créations de la Verrerie d’Art des Andelys signées « Verlys », une marque dont la renommée s’est épanouie des années 20 aux années 50. 

Servie par des collaborations exigeantes, inscrite dans l’art de son temps et appuyée sur une expérience unique en matière de traitement de la lumière, Verlys a produit des pièces d’une exceptionnelle présence. Née dans les contraintes de l’industrie, transcendée en un choix de formes des plus signifiantes, Verlys annonce la prééminence de notre esthétique moderne, dite industrielle. 

À l’issue de la conférence, le livre du centenaire contenant les magnifiques photos de Laurent Parrault vous sera proposé à la vente.
Résumé de la conférence :Verlys

jb publicConsacrée à la verrerie Holophane-Verlys des Andelys, assurée par trois membres du CA des Amis du Patrimoine des Andelys, Mme Jacqueline Cousin, ancienne commissaire-priseur, MM. François Bonnet et Pierre Coulogner, la conférence de rentrée du CEV a attiré le jeudi 22 septembre dans la salle Vikings une centaine d’auditeurs. F. Bonnet et P. Coulogner ont retracé un historique illustré de la verrerie, installée aux Andelys en 1921 (le centenaire fut dignement célébré en 2021), rappelé ses principales productions industrielles, comme les verres pour les phares de voiture, puis évoqué la situation actuelle. Mme Cousin a ensuite présenté la verrerie d’art Verlys (VERrerie des AndeLYS). Précis, très informé, abondamment illustré par des photos du superbe ouvrage Holophane Verlys. Un siècle de verre (APA éditions), dont les exemplaires mis en vente se sont arrachés, son exposé a rendu un bel hommage à ce métier d’art. Les questions ont manifesté l’intérêt suscité par cette belle conférence.


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20 Octobre 2022
La normandie par les timbres

Gérard Gengembre

Présentation de la conférence :Timbre HN

            Traditionnellement, depuis la toute fin du XIXe siècle, chaque pays s’est présenté à travers sa production philatélique, comprise comme un affichage de ses attraits, une figuration de son histoire et de sa géographie, une galerie de ses grands personnages, un message adressé au monde, voire une propagande politique.timbre BN Si depuis quelques décennies beaucoup de pays, grands ou petits, ont multiplié les émissions sans grand rapport avec leur identité et destinées aux collectionneurs, traités comme des vaches à lait, il n’en reste pas moins que l’on apprend beaucoup sur les pays du monde par les timbres.

            Malgré une regrettable dérive inflationniste, la France continue de respecter un programme d’illustration de tout ce qui la constitue comme nation. La conférence s’intéressera à l’image philatélique de la Normandie, province la plus « timbrifiée » depuis l’entre-deux guerres, tant par les symboles que par les villes, villages, sites, les monuments, les ouvrages d’art, l’artisanat, l’agriculture, l’industrie, les grands hommes et les grandes femmes.

            Bien connu pour ses conférences littéraires, Gérard Gengembre, professeur émérite de littérature française à l'université de Caen, est aussi un philatéliste émérite. Le secrétaire du CEV nous fera partager sa passion pour les timbres à travers l'exemple des timbres illustrant la Normandie et son passé.

Résumé de la conférence :

Gérard Gengembre

    Donnée par Gérard Gengembre, dont c’était la quinzième intervention dans ce cadre, la conférence proposée par le CEV jeudi 20 octobre a attiré une assistance nombreuse dans la salle Maubert. Consistant pour l’essentiel en une projection commentée plus de 220 diapositives Powerpoint, mais cette quantité n’a semble-t-il pas rebuté le public elle a répertorié la quasi totalité des timbres consacrés par la Poste à la Normandie, de l’entre-deux guerres à aujourd’hui. Furent ainsi mises en évidence les grandes lignes directrices : représenter des lieux et des personnages marquants, privilégier des sites touristiques, commémorer des événements et, tendance récente, célébrer le patrimoine « ordinaire », comme les fromages, les cultures ou l’élevage des équidés. Force fut de constater que Vernon n’a guère été servi par la Poste.

Les nombreuses questions portèrent sur cet ensemble de vignettes postales et plus généralement sur la philatélie, le tout dans une ambiance bon enfant.

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Mardi 15 Novembre 2022
Charles Garnuchot (1820-1892),
un grand entrepreneur devenu maire de Vernon
.
Jean Baboux

PrésGranuchotentation de la conférence :

            Charles Garnuchot, maire de Vernon pendant une courte période (1875-1878), n’est pas le plus connu de nos gloires locales, mais l’étude de son exipontstence est beaucoup plus intéressante que la plupart de celle des maires ayant vécu au XIXe siècle. Né dans l’Yonne, près d’Avallon, Charles Garnuchot est embauché très jeune dans une entreprise familiale produisant le « ciment romain de Vassy », un matériau très résistant et hydrofuge. Sa rencontre avec Eugène Belgrand, un moment préfet de l’Yonne, le futur « Haussmann des égouts de Paris », lui permet de mettre son savoir-faire au service de grands travaux de génie civil dans sa région, puis à Paris même où il participe à la construction d’une demi-douzaine de ponts. Charles Garnuchot est un des entrepreneurs du pont de pierre de Vernon inauguré en mai 1861, devenu le pont Clemenceau après la mort du Tigre en 1929. Garnuchot a été un éphémère maire de Vernon, durant une période difficile lorsque la commune connaissait les conséquences de la présence des Prussiens dans la ville. Aujourd’hui existe à Vernon une promenade Charles-Garnuchot en bord de Seine.

C'est Jean Baboux, le conférencier le plus prolifique du CEV, qui nous fera découvrir la vie et les réalisations de ce personnage méconnu.

Résumé de la conférence :
Pour sa 23e prestation devant le CEV, notre excellent, prolixe et prolifique conférencier a présenté une figure vernonnaise assez peu
connue en dépit de la part qu’elle prit à la reconfiguration du tissu urbain de notre ville et de son nom attribué à une promenade le long de la Seine. Rappelons que le CEV, et tout particulièrement Jean Baboux lui-même sont à l’origine de ce baptême. En effet, il existait depuis 1862 une rue puis un quai Garnuchot, débaptisé au bénéfice de Jacques Chirac. Il  était important que ce nom ne tombât pas dans l’oubli.
 
Jean Pouëssel souligna que, dans son programme, le CEV s’attache à donner une ou deux conférences sur un sujet d’histoire locale. Jean Baboux a ainsi tracé un portrait vivant, situé un parcours professionnel et politique et plus généralement fait revivre un moment de l’histoire de Vernon. Son exposé s’organisa en trois points : l’entrepreneur, la construction du pont de Vernon, l’élu.
 

Garnuchot entrepreneur
 
pont
Né à Montréal dans l’Yonne le 22 novembre 1820, Charles Garnuchot appartient à une fratrie de dix enfants, nés entre 1817 et 1834. Le père est juge de paix. Trois d’entre eux, dont Charles en 1840, entrent à la cimenterie de Vassy (aujourd’hui partie de la commune d’Étaules), près d’Avallon. Sous la direction de Gariel et Garnier, celle-ci fonctionnait depuis 1830 suite à la découverte d’un calcaire permettant de fabriquer un ciment de qualité, dit ciment romain de Vassy. Charles épouse la fille du patron, son frère Paul entre également dans la famille. La cimenterie emploie 500 personnes. Fortune faite, Ernest Gariel devient à la fois maire et un numismate reconnu.
En 1859, sous le nom de Gariel et Garnuchot, la fabrique se lance dans les travaux publics, construisant notamment l’adduction d’eau d’Avallon, et, grâce à Eugène Belgrand (« l’Haussmann des égouts »), participe aux grands travaux de Paris sous le Second Empire, se voyant en particulier confier les égouts, les réservoirs et les ponts maçonnés en pierre. La construction de ces derniers coûte autour de un million de francs et ne dure que un à deux ans. Garnuchot résidait au 61 quai de Valmy.

 
Le pont de Vernon
 
s’il a également construit le pont de Pont-de-l’Arche, Charles Garnuchot nous intéresse directement par un ouvrage d’art essentiel, le pont édifié entre le 8 mai 1859 et le 19 mai 1861. Une plaque conservée au musée de Vernon rappelle cet événement. Pour un coût de 1.100 000 francs, financés par l’État et le conseil général, ce pont, outre la construction de l’église Saint-Nicolas de Vernonnet, a entraîné un nouveau tracé de rues nécessité par la circulation ainsi facilitée par le pont. De là les rues d’Albufera et Jules-Soret, En 1930, le nom de Clemenceau sera donné au pont.
Comportant sept arches elliptiques sur le fleuve et une sur chaque rive, il s’agit d’un pont creux. Au milieu, se trouvait une croix côté amont, rappelant la séparation entre les paroisses et les diocèses. Rive gauche, un chemin de halage avait été aménagé, qui s’avéra inutile.
Rive droite, se trouvent des vestiges où l’on peut déceler du ciment de Vassy. Rappelons que le premier pont Clemenceau fut détruit le 9 juin 1940 et qu’il fut remplacé par le pont actuel en 1953. Avec ses onze mètres de large et ses 253 mètres de long, sa structure était solide. Il résista à la crue de 1910 et au choc de la péniche « Allegro », drossée contre ses piles en 1932.
Déjà, le 14 septembre 1870, le Génie avait fait sauter une arche du pont, ce qui entraîna la chute de l’ensemble. Après la guerre, des scaphandriers remontèrent les éléments, et le pont fut reconstruit. En 1940, on fit sauter toutes les arches.

 
 L’élu vernonnais
 
Entré au conseil municipal sous le mandat de Suchet d’Albufera, Charles Garnuchot se montra assidu, et ses compétences furent mises à contribution.
L’un des 108 contribuables les plus imposés, il possédait à Vernon terrains, pâtures, maisons, ainsi que le café du Théâtre, la salle de la Comédie et les deux immeubles encadrant la rue d’Albufera côté pont et construits par Louis-Joseph Delbrouck. Il habitait celui de gauche. A Paris, il acheta l’ancien hôtel particulier du maréchal Berthier, 58 rue de la Victoire dans le 9e arrondissement. La Banque postale l’occupe aujourd’hui.
Ajoutons qu’il avait acheté la forêt de Vernon, ce qui lui permettait de louer les carrières.
En 1870-1871, il fait preuve d’une grande efficacité, notamment pour faire face aux réquisitions allemandes. Donnant l’exemple, il offre 10 000 francs pour contribuer aux dépenses exceptionnelles et il négocie un emprunt de 150 000 francs.
Nommé maire en 1875 par le préfet, il gère la ville en bon père de famille, commémore le souvenir des Ardéchois, veille à l’établissement du cimetière, fait construire des écoles et fait preuve d’une grande rigueur morale, surveillant les mœurs (on comptait à l’époque un débit de boisson pour 60 habitants!).
Son mandat s’étant terminé en 1878, il se retire et il mourra à Paris le 14 décembre 1892. Il est enterré à Vernon dans une chapelle funéraire fort bien entretenue, à côté de son successeur à la mairie, Adolphe Barette.

 
Le public a été captivé par cette conférence menée avec la maestria et la faconde habituelles de Jean Baboux. Dans la salle se trouvait un descendant de Charles Garnuchot par sa fille Cécile, décédée en 1925. Il a souligné que la forêt de Vernon fut rachetée par Edgar Brandt. Le questions ont porté sur les circonstances de la nomination à la mairie et sur les raisons de l’arrêt du mandat en 1878. André Goudeau évoqua l’échec de Charles Garnuchot aux élections cantonales de 1877, battu par Ambroise Bully. Guy Quintane rappela que les maires étaient effectivement nommés jusqu’en 1884, et  Jean Baboux que Barette avait un réseau républicain et franc-maçon dont ne bénéficiait pas Garnuchot.

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Jeudi 15 Décembre 2022
Les premières de l'aérostier andelysien
Jean-Pierre Blanchard
Jean-Claude Viel

Présentation de la conférence :

médaille Blanchard    Jean-Pierre Blanchard, né aux Andelys en 1753, fut le premier aéronaute professionnel, contemporain et rival des Montgolfier, Pilâtre de Rozier et Charles ; il effectua des ascensions remarquées dans nombre de villes européennes, Londres, Berlin, Hambourg, Vienne et bien d’autres.
    Dans sa conférence, Jean-Claude Viel, membre du CEV, reviendra sur le premier vol en mars 1784 (un échec partiel pour des raisons pittoresques qui n’ont rien à voir avec l’aérostation, qu’il conviendra de raconter), les deux ascensions à Rouen qui suivirent aussitôt et la traversée Manchetraversée de la Manche en janvier 1785 en deux heures et vingt-cinq minutes, un exploit qui met Blanchard au niveau de Blériot ou de Lindbergh. L’ascension qu’il fit à Philadelphie en 1793 est aussi la première jamais effectuée en Amérique.
    Seront aussi évoquées la personnalité de Blanchard, parfois assez désagréable, ses difficultés pour financer ses vols mais aussi sa participation à l’invention du parachute et de l’hélice et ses tentatives (vaines d’ailleurs) pour créer un ballon dirigeable. On n’oubliera pas de mentionner le rôle important de son épouse, que Napoléon a qualifiée « d’aérostier officiel de l’Empire ».
    Jean-Pierre Blanchard fait partie de ces hommes qui ont imprimé leur marque sur la recherche et la technologie de leur époque et nous renvoient à un temps où la France était à la pointe du mouvement scientifique mondial.
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